« Dieu m’a donné la foi » – Ophélie Winter (1996)
Nous entrons en Bolivie : un petit air de Laos, des bleds endormis, une sur-administration quasi africaine (on doit payer les photocopies que l’on nous fait à la frontière et faire demi-tour au premier contrôle de police pour récupérer au poste de police situé à quelques kilomètres un formulaire douanier … payant). Nous roulons ensuite sur une route déserte dont les bas cotés, jonchés de sacs en plastique et autres détritus, ressemblent parfois à une décharge publique, je suspecte un instant qu’un camion poubelle se soit renversé (mais il est peu probable que des camions poubelles se renversent régulièrement le long de la route …). Du coup, mes sacs en tissu du magasin bio de Pornic acquis avant notre départ afin de diminuer notre consommation de sacs plastiques pendant le voyage prennent tout leur sens … ou au contraire le perdent complètement ???).
Nous avalons les kilomètres sur cette route sans charme et le thermomètre cède enfin ; nous bénéficions d’une averse et quand nous nous arrêtons pour dormir à Aguas Calientes (eaux chaudes pour vous qui n’y comprenez rien), nous nous baignons avec plaisir dans une rivière chaude (pas chaude comme « ça tape aujourd’hui, venez vous baignez la piscine est chaude » mais plutôt genre « j’ai installé mon bain dehors … et j’y ai mis des petits poissons »).
La chaleur ne nous laisse pas beaucoup de répit et nous décidons de quitter les plaines aussitôt que possible et de nous attaquer à la montagne bolivienne, laissant ainsi derrière nous moustiques et canicule (je me demande quand même ce que notre stock de médicaments en pense de ces 40°C à répétition), mais avant tout, nous nous arrêterons à Santa Cruz plus grosse ville du pays (pas la capitale qui est La Paz), à la recherche de ce qui nous relie encore à la civilisation (chargeur d’Ipod, batterie de GoPro, pile bouton et pourquoi pas d’un internet suffisant pour ouvrir disons une page internet).
Quelques constatations sans appel :
- la Bolivie est bon marché, très bon marché ;
- la Bolivie n’est pas le pays d’internet ;
- beaucoup d’européens voyagent en Amérique du Sud : après avoir rencontrés un couple d’allemands à Iguazu, un couple de Montpelliérains au Brésil, nous faisons la connaissance d’un couple de suisses et croisons une famille belge.
Quelques kilomètres avant l’arrivée à Santa Cruz, nous nous faisons contrôlés (c’est normal) par la police qui vérifient que nous sommes bien en règle. Ils aiment bien contrôler, les boliviens, pour te demander tes papiers, l’extincteur, le triangle, le kit de premiers soins, et les papiers de la douane (sur lesquels ont été consciencieusement notés le numéro de châssis et la plaque d’immatriculation par les douaniers à la frontière … consciencieusement ???)
Sur le formulaire, un chiffre du numéro de châssis est erroné et il manque un chiffre à la plaque d’immatriculation. Une demi heure de palabre (du coup Cornelius que nous avons pris en stop il y a une centaine de km en profite pour nous fausser compagnie et prendre un autre moyen de transport pour aller acheter ses poulets à Santa Cruz. Cornelius est un ménnonite de Bolivie*) et on nous demande d’aller faire régulariser nos papiers à la douane intérieure de Santa Cruz en nous indiquant un nom de rue. Ça ne faisait pas partie de nos projets pour la journée mais nous nous rendons de bonne grâce dans la rue où il nous est impossible de trouver la douane, nous nous rendons à une autre douane indiquée par la GPS qui nous renvoie sur le prolongement de la dite route (mais qui ne porte pas le même nom, et la douane ne porte pas non plus le nom que l’on nous avait communiqué). Bref, Bertrand se rend avec les papiers à régulariser et le douanier lui répond que lui ne peut rien faire et que nous devons revenir à la frontière (soit plus de 600 bornes) !!! Bertrand insiste, le douanier va se renseigner, « non non vous devez retourner à la frontière ». Après un ultime forcing de Bertrand et dans un ultime sursaut de bonté, il accepte d’envoyer la photo du véhicule et du châssis à la frontière grâce à son téléphone et demande à Bertrand de revenir le lendemain matin (après deux bonnes heures où moi et les enfants sommes restés cloîtrés dans notre camping-car/étuve à nous partager le doggy bag du restaurant de la veille au soir) et surtout de … « prier » !!!
A cours d’intelligence après une journée harassante où nous avons de nouveau flirter avec les 40°C, nous décidons de traverser la plus grande ville d’un pays en voie de développement, la nuit, à l’heure de pointe pour rejoindre le seul camping dont nous avons l’adresse. Une heure et demi pour parcourir la ville de part en part, soit 19 km, nous atterrissons chez un allemand propriétaire d’un camping/restaurant et d’une meute de chiens dont un bouledogue un peu grognon qu’il faut calmer en lui assénant des « box, box » (comme apparemment nous sommes à court d’intelligence on se plie sans poser de questions à ce petit rituel du soir).
Nous passons la soirée à nous faire à l’idée que nous allons peut-être devoir parcourir 1300 km sur une route majoritairement insignifiante, accablés par la chaleur, perdre quelques jours, dépenser 2 pleins (qui eux ne sont pas bon marché mais ça c’est une autre histoire) pour une erreur qui n’est absolument pas de notre fait (à part évidemment que nous n’avons pas vérifié les papiers que l’on nous a remis à la douane).
Le lendemain matin, notre bouteille de gaz nous lâche (il en reste une) mais nous devons absolument trouver un moyen de la remplir avant d’arriver dans les régions froides de notre périple au risque de se retrouver la nuit sans chauffage avec des températures négatives à l’extérieur. Ça tombe bien, nous devons traverser la plus grande ville de Bolivie d’Ouest en Est pour retourner à la douane.
Commence alors notre quête pour la recharge de la bouteille de propane (la complexité de la tâche nous est familière, se faire remplir une bouteille de propane française alors que les embouts sont différents dans chaque pays Amérique latine. Premier arrêt dans un vendeur d’adaptateur, qui nous dirige vers « Fangio » qui ne nous trouvons pas , deuxième arrêt chez un vendeur de bouteilles d’oxygène (particulièrement nombreux à Santa Cruz mais inutiles pour notre quête) etc etc … jusqu’à nous retrouver à nouveau devant la douane, bredouilles et angoissés, nous retenons notre souffle, le douanier demande à Bertrand si « il a prié fort pendant la nuit », Bertrand répond que … oui. Satisfait, le douanier lui dit que c’est bon, lui refait les papiers, nous repartons soulagés …
* ce que nous dit Wikipedia sur les mennonites de Bolivie (étonnamment nombreux et remarquables dans cette partie du pays). Les mennonites sont reconnaissables à leurs cheveux blonds et leurs vêtements sombres. Ils portent aussi généralement des prénoms bibliques. Ils continuent de s’exprimer en Plautdietsch et rares sont ceux qui maîtrisent l’espagnol. La plupart des mennonites installés en Bolivie sont conservateurs et traditionalistes. Ils rejettent toute forme de modernité, la violence et la paresse. Ils vivent sans électricité, voitures, téléphones, télévisions et autres technologies modernes. Ils cherchent avant tout à faire preuve d’une grande sobriété et d’une grande ardeur au travail au quotidien.Les mennonites vivent majoritairement de l’agriculture intensive, principalement de blé et de soja, et constituent un moteur important de l’économie et du développement de la région de Santa Cruz de la Sierra. Leurs relations avec le monde extérieur se limitent à l’achat de matières premières et à la vente de leurs productions agricoles.
Ñon non non pas Ophélie. ..
Wa wa wa! Je vois que dieu a exaucé vos prières, vous allez vous battre et vous en êtes fiers… bref dieu vous a donné la foie qui brûle au fond de vous…
Je m’y connais plus en ophelie qu’en mennonites évidemment! Petite culture générale…
tu me manques 😘