Bertrand nous a ramené un turbo tout neuf et nous avons retrouvé des ailes. Motivés par la possibilité d’entrapercevoir une baleine dans la péninsule de Valdez à 2500 km de là, nous avalons les kilomètres entre autoroutes et chemins côtiers le long du Chili. Nous passons nos nuits devant le Pacifique déchaîné et glacial. Les enfants lancent leur bodyboard à l’assaut des déferlantes jusqu’à capituler devant la fraîcheur de l’eau (comme les soutes du camping-car étaient trop spacieuses, nous avons fait l’acquisition de deux bodyboards pour tenir compagnie à notre collection de jeux de plage qui pour la plupart jusqu’à maintenant n’ont que très peu servis : les 5 ballons dont 2 achetés depuis le début de notre voyage, le skate et son casque, le jeu de Mölki, le jeu de pétanque).

Nous nous faisons réveiller par la complainte de l’otarie au Chili  (à ne pas confondre avec les phoques :  « C’est Pas Sorcier: Phoques ou Otarie, à qui la palme ? ») posés sur un rocher à quelques dizaines de mètres du rivage. Les jours passent et nous parcourons sans à coup des centaines de kilomètres au Chili, en trouvant même le moyen de recharger nos bouteilles de propane. Et nous voilà, en mesure de prendre des douches chaudes à notre guise, mettre le réfrigérateur en marche … en continu (et plus tard le chauffage). Nous repartons gonflés à bloc vers la frontière Argentine. Le paysage change : des montagnes, de la neige, des forêts, des lacs jusqu’à la magnifique région de Bariloche qui rappelle les Alpes. Nous continuons néanmoins sur notre lancée, incapables de nous poser.

Nous traversons d’Ouest en Est l’Argentine, les paysages redeviennent plus désertiques et nous luttons tous les jours contre des vents violents qui ne nous lâcheront plus pendant plusieurs semaines. Nous craignons presque que le camping-car ne se couche mais il tient le coup … Et tant mieux !

Nous arrivons enfin à la péninsule de Valdez, un peu trop tard pour voir des baleines depuis la côte alors nous cédons aux sirènes des agences de voyage. Nous nous retrouvons dans un énorme zodiac pour finalement voir une maman baleine et son baleineau, à une vingtaine de mètres de notre embarcation (que nous partageons avec une trentaine d’autres curieux hors saisons). Nous restons à leurs côtés une petite heure puis retournons sur la côte.

Nous rencontrons une famille de français qui ont eu la chance d’être témoin de l’atroce festin des orques qui se jettent sur les plages pendant plusieurs heures pour dévorer les otaries se prélassant trop près du rivage.

Nous longeons ensuite la côte Est de l’Argentine (il n’y a pas de côte Ouest en fait) et de réserves naturelles en plages immenses (où l’eau n’est pas moins glaciale que dans le Pacifique), nous profitons sans réserve et souvent seuls, de colonies de pingouins et d’otaries littéralement à portée de main. Des centaines, voire des milliers de spécimens que nous pouvons observer à notre guise, quelque fois le long de la route nationale parfois après quelques kilomètres de balades.

Nous faisons un détour pour visiter l’impressionnante forêt pétrifiée  du « Parque National Bosques Petrificados de Jaramilo »  (le bois pétrifié est composé de bois fossilisé où la matière organique a complètement été remplacée par des minéraux, tout en conservant plus ou moins la structure anatomique originale du bois). 

Ces rencontres rythment notre descente vers Punta Arenas au sud du Chili où nous attendrons Marie-Louise qui doit arriver de France quelques jours plus tard.