« Dès que le vent soufflera » – Renaud (1983)
Pile à l’heure, Marie-Louise arrive dans le petit aéroport de Punta Arenas. A peine a-t-elle posé le pied dans le camping-car que nous partons en direction des paysages mythiques de la Ruta 40 (Patagonie Argentine) et la Carretera Austral (Patagonie Chilienne).
Premier arrêt le lendemain dans le parc Torres del Paine, un grand parc naturel propice aux randonnées dans des décors majestueux. Mais le vent violent qui ne s’est pas calmé depuis notre départ de Punta Arenas nous poursuit, augmentant d’intensité d’heure en heure jusqu’à atteindre des pointes à 150 km/h le soir même (d’après la météo locale) lorsque nous arrivons sur notre lieu de bivouac. Nous sommes stationnés devant un lac pour le dîner et observons les bourrasques se déplacer sur le lac, soulevant des nuages d’eau, avant de nous atteindre de plein fouet. Le camping-car tangue, les casseroles vacillent, nous avons l’impression de manger dans un bateau pendant une tempête. Persuadés que notre emplacement de parking est particulièrement défavorable, nous reprenons le véhicule pour trouver un coin plus abrité. Nous nous arrêtons cette fois sur un flanc de colline un peu encaissé mais apparemment pas beaucoup plus protégés … Alors commence une longue nuit … Après avoir passé la soirée à surveiller les bourrasques et essayer de compenser les déséquilibres du camping-car en nous jetant d’un coté sur l’autre, nous sommes allés nous coucher avec la désagréable sensation de devoir continuer notre manège. Les moins inconscient(e)s d’entre nous n’ont quasiment pas fermé l’œil de la nuit, guettant les bourrasques de vent qui régulièrement menaçaient de faire basculer le camping-car. Aux premières lueurs du jour, le vent était toujours aussi violent et le camping-car était toujours debout. De fait, nous nous accrochions à l’espoir que si cela avait tenu jusqu’au matin, cela continuerait de tenir. Malgré la colère D’Eole, le soleil avait succédé à la pluie et nous avons voulu tenter notre petite balade. Pas vraiment une randonnée mais juste quelques centaines de mètres pour avoir de beaux points de vue …
Les touristes que nous croisions n’avaient pas l’air de trouver le vent anormal alors nous sommes partis confiants et enthousiastes. Quand le vent était « juste » très fort nous avancions et lorsque les bourrasques étaient puissantes, nous nous arrêtions, dos au vent, pour ne pas recevoir la volée de gravier que le vent charriait avec lui. Au bout de 300 mètres, nous avons fini par atteindre une première chute d’eau mais devant l’adversité, et incapables de traverser un passage particulièrement exposé, nous avons décidé d’abandonner.
Nous sommes repartis à travers la piste qui sillonne le parc et ses magnifiques lacs bleu azur et cette fois, nous nous sommes retrouvés au départ de vraies randonnées beaucoup plus à l’abri du vent. Pas vraiment équipés pour le trekking, nous nous sommes contentés de deux longues marches avec des températures beaucoup plus clémentes et un soleil qui jouait à cache-cache. Nous repartons ensuite direction l’Argentine (notre quatrième entrée !) pour fêter Noël.