« We will rock you » – Queen (1977)

Mathilde
12 novembre 2017

Voilà, nous sommes au cœur du sujet, Uyuni et le Sud Lipez, le clou du spectacle et le début du voyage selon Bertrand. Mais malheureusement, nos soucis mécaniques laissent planer un certain suspens sur nos chances de réussite. Nous allons aborder la pire piste de notre voyage (où seuls les 4×4 osent s’aventurer), et même si Bertrand a choisi un itinéraire « probablement » plus facile que l’itinéraire classique emprunté par les agences de voyages locales, nous abordons notre épopée avec une certaine appréhension.

Première journée en grande partie maitrisée, mais les derniers kilomètres à très petite vitesse (20 km/h) dans le sable et les ornières profondes font monter le stress. Nous nous enlisons même une fois, et ce n’est qu’après d’expertes manœuvres et une longue marche arrière que Bertrand nous sort de ce mauvais pas. Histoire de ne pas trop nous mettre en confiance, un anglophone à bord de son 4×4 (faut-il préciser que les seuls véhicules que nous croisons … et qui nous doublent sont des 4×4 ?) entreprend de faire demi-tour pour nous demander ce que nous comptons faire exactement avec notre camping-car, que là où nous sommes c’est rien, la suite va être pire : « If I were you, I would’nt do it with this vehicule » (« Si j’étais vous, je ne ferai pas ça avec ce type de véhicule »). On lui sourit béatement et on lui répond qu’on verra bien (autant dire que si on ne traverse pas le Sud Lipez, non seulement on n’aura pas vu le clou du spectacle mais en plus on va être obligé de faire demi-tour et parcourir à nouveau des centaines de kilomètres – y compris les pistes sablonneuses du jour pour retrouver une autre frontière, alors on verra …). Nous arrivons à Villamar Mallcu fatigués et fortement éprouvés par ces 10 heures de pistes.

La nuit est froide et toujours pas de chauffage (pour économiser le gaz), autant dire que nous ne prenons pas de douche non plus … C’est un euphémisme de dire que nous repartons un peu tendus à l’assaut de notre itinéraire bis. Rapidement la piste s’avère caillouteuse et très très peu fréquentée. En l’absence de sable, notre principal problème réside dans notre faible garde au sol (que nous appelons donc la hauteur du véhicule mais cela peut porter a confusion, donc il s’agit de la distance entre le sol et le châssis). L’idée est donc dans la mesure du possible pour Bertrand de rouler non pas dans les traces des autres véhicules (pour ne pas rester planter sur le ventre comme une tortue ou pire d’abimer le carter moteur avec des roches), mais au contraire d’un coté sur le terre-plein central et de l’autre sur le bas coté. C’est assez pénible et parfois très périlleux de rouler en équilibre à l’extérieur des traces des 4×4. Nous avançons péniblement, secoués d’un coté sur l’autre, guettant le haut des cols, chaque kilomètre parcouru nous rapproche du Lac Colorada et de la piste principale à laquelle nous aspirons car plus fréquentée et probablement plus praticable (que nous pensions !).

Les paysages sont sauvages et magnifiques mais nous sommes trop tendus et secoués pour en profiter pleinement. Les enfants qui restent indifférents, partiellement au paysage et totalement à la probabilité que nous nous soyons fourvoyés dans une galère sans nom, sont néanmoins obligés de s’accrocher à leur tablette pour ne pas valdinguer de leur siège. Nous apercevons enfin de loin le Laguna Colarada, l’immense lac rouge, qui est notre étape du soir et en profitons pour déloger un caillou qui a déchiré un pneu arrière, nous pouvons rouler sans problème car les roues arrière sont jumelées, par précaution, Bertrand change la roue et nous poursuivons encore quelques heures  autour du lac  (nous roulons toujours très lentement et le lac est plutôt vaste).

A notre arrivée, nous sentons qu’après ces deux derniers jours un peu stressants, nous allons pouvoir profiter pleinement du paysage dans les jours à venir, nous approchons de la frontière chilienne et même si la piste reste très chaotique (pour notre monture), nous pensons que nous ne risquons plus le scénario catastrophe (la panne technique ou l’enlisement au milieu de nul part à des centaines de kilomètre de la moindre habitation à devoir organiser le dépannage du camping-car …).

Bref, nous repartons sereins le lendemain matin vers les sources d’eaux chaudes que nous attendons impatiemment pour nous « laver ». Bien que nous roulions doucement et prudemment, nous profitons pleinement de la matinée et faisons un petit détour vers des geysers naturels qui se situent (mais nous ne le savons pas encore) … dans une cuvette ! Nous empruntons donc une piste secondaire qui s’avère être la pire que nous ayons prise. Bertrand m’avertit rapidement qu’il ne pourra pas faire demi-tour et que nous devrons prendre l’autre piste qui mène aux geysers pour regagner la piste principale (la piste descend fortement au milieu de gros cailloux et de profondes ornières).

Une fois parcouru les 1,5 km de descente, nous traînons un peu dans les geysers avec les touristes en 4×4 jusqu’à ce que Bertrand inquiet s’enquiert de la suite de la piste … Il parcourt à pied une heure durant les innombrables pistes tracées par les 4×4, sablonneuses, caillouteuses à la recherche d’une improbable issue. En côte, le camping-car ne peut pas lutter contre les 4×4, surtout sur des « pistes » (si on peut encore parler de piste) aussi défoncées (toutefois ses roues jumelés, sa propulsion et ses 150 CV feront le job). Mais avons-nous vraiment le choix ? Alors nous nous lançons : nous grimpons, nous arrêtons, faisons demi-tour, marche arrière, Bertrand sort évaluer la situation et moi je cours, haletante (altitude et vent glacial oblige), devant le camping-car pour écarter les plus grosses pierres. 1,5 km et … 2 heures durant lesquelles nous nous maudissons de ne pas avoir été plus prudents (« on n’en verra d’autres des geysers, et tant bien même ce serait la dernière fois de notre vie »). Pendant notre calvaire, nous n’avons croisé personne et surtout à chaque rocher qui frottait et cognait le bas de caisse, nous voyions se réaliser le scénario catastrophe auquel nous avions cru échapper la veille.

Finalement nous retrouvons la piste principale et après une heure de route nous arrivons enfin aux sources chaudes où nous devons passer la nuit. Autant dire qu’après cette journée rocambolesque, un bain dans l’eau brûlante, avec au loin le soleil couchant sur les montagnes ocres du Sud Lipez, a la saveur des meilleurs SPA du monde …

5 comments on “« We will rock you » – Queen (1977)”

  1. quel voyage mes chéris
    l’aventure c’est l’aventure !!!
    paysages à couper le souffle
    j’espère que vos soucis de mécanique sont entrain de se résoudre
    avec plein de bisous

  2. Quel courage!! Félicitations pour votre incroyable chevauchée!
    On vous l’avoue, on n’a pas osé pousser en vélo jusqu’aux geysers (on s’est dit qu’on en avait déjà vus et que le détour demandait trop d’efforts alors que des sources d’eau chaude nous attendaient un peu plus bas)
    Je n’en reviens toujours pas que vous ayez réussi sur des pistes si difficiles!!!
    Rassurez-vous, c’était le plus dur ! (à moins que vous nous prépariez encore des surprises!)
    Bises à tous de Bretagne 😉

  3. Les paysages sont plus que magnifiques, c’est incroyable!
    Merci de partager ses beautés!
    ça se mérite donc…..
    et je vois que tu deviens une pro en mécanique!!!!
    on vous embrasse fort!
    Mélanie and ‘co

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